Catalogue des titres
parus.
» Censure et
journal.
Comment ne devrais-je pas trancher
en faveur de la première ? La censure peut
étouffer
la vérité à la longue, en lui enlevant
la parole.
Le journal étouffe la vérité à
la longue,
en lui enlevant les mots. La censure ne nuit
ni à la vérité ni au mot; le journal
aux deux.
Karl Kraus
Où l'on découvre en marge
des dépliants,
la Suède rurale d'Ingela
Strandberg dont
le portrait ne se limite pas au pittoresque,
à l'exploration myope d'écrivains
régionalistes.
Où l'on plonge dans le Nigeria de 'Biyi
Bandele-Thomas,
centre d'un continent à la dérive où
cent millions d'habitants
sont en proie à la lutte incessante pour la vie
parmi les mouches et la corruption
généralisée.
Où l'on apprend dans un drame de Karl
Kraus
comment la presse a soigneusement préparé
et orchestré la grande guerre. Où l'on
entend
dans les nouvelles de Andreas
Latzko quelques
victimes de choix témoigner de la Passion
de l'Homme, en l'an de disgrâce 1914.
Où l'on se retrouve avec
Jean Bernier dans
la boue
et le silence où furent ensevelis une
génération
de « héros » qui pensaient clore ici et
à jamais
le registre meurtrier et infamant de la guerre.
Où l'on suit dans un roman total de Eyvind
Johnson
l'éblouissante fuite d'êtres emportés
par l'avalanche de l'Histoire...
Où l'on se surprend de nouveau dans les nouvelles
de Eyvind
Johnson à regarder la nuit
tomber sur l'Europe
et à murmurer avec lui que les dieux
n'existent pas.
Où l'on assiste dans le chef-d'oeuvre de Stig
Dagerman
à l'impossible solidarité d'une
communauté humaine
qui s'abandonne à ses angoisses et à une mort
certaine.
Où Thierry
Maricourt nous parle d'elle, de
cette fille qui boit
pour monter l'escalier et oublier un moment la peur qui la
tue.
Où l'on entend dans les monologues
de Franz Innerhoffer,
Helmut
Qualtinger et Carl
Merz l'Autriche de Thomas
Bernhard
dans ses balbutiements homicides.
Où l'on voit dans les pièces de Felix
Mitterer
les victimes devenir des assassins sous l'oeil
malin et complice de l'omnipotence « totalcapitaliste
».
Où le serbe Borislav
Pekic nous dévoile, au
cours
des pérégrinations des Siméon à
travers les siècles,
les mirages de la société marchande.
Où Borislav
Pekic continue à tenir les
registres de la firme
Njegovan qui régit de façon tyranique la vie
et la mort
des Siméon à travers les siècles et
l'espace balkanique.
Où l'on assiste dans ce troisième volume de
La Toison
d'or
au siège de Szeged et à la réalisation
du chef-d'oeuvre inconnu
de Kyr Siméon sur la tête de Soliman le
magnifique.
Où le romancier suédois
Jan
Guillou dénonce
la violence de l'école et l'hypocrisie de la
société suédoise.
Où le poète Harry
Martinson nous conte les
aventures
de Martin, enfant abandonné aux « bons soins
» de la commune.
Où le suédois Harry
Martinson nous raconte la suite
de son
autobiographie et comment il est parti vers la mer pour
échapper
à son enfance. Où le trimardeur Harry
Martinson nous rappelle
que le vagabond est un dépossédé
coupable d'avoir conservé
la mémoire de sa dignité dans les
intempéries sociales.
Où le poète Harry
Martinson nous conte
l'épopée du vaisseau
spatial Aniara condamné à errer dans l'espace
vide et glacial
et à contempler grâce à la Mima la
destruction nucléaire de Doris
et d'une humanité arrachée à sa
communauté et à son jardin.
Où l'on assiste dans une
pièce de Howard Zinn au retour de Marx,
Bakounine, Proudhon, Lafargue et autres critiques du
capitalisme
dans le New York d'aujourd'hui...
Où l'on découvre que la
littérature est un moyen de faire entendre
la voix des derniers
paysans d'Europe qui se sont
soulevés avant de périr
sous les coups de la noblesse et de la bourgeoisie
triomphante.
Où l'on assure que l'école bourgeoise et
républicaine
est une triste boutique et que « le refus de parvenir
»
du prolétaire capable de parvenir n'a de sens que
doublé
par la « volonté de parvenir » du
prolétariat.
Où l'on reparle des vagabonds et autres
dépossédés
coupables
de résister aux intempéries sociales et de
refuser le service de travail
obligatoire que leur propose ceux qui les ont
volés.
Où l'on prépare un numéro de la revue
sur deux écrivains
du peuple qui ont marqué en France et en Suède
la littérature
du xxe siècle : Jean Giono & Harry
Martinson et un autre
numéro sur l'écrivain et militant anarchiste
Stig
Dagerman...
Où l'on comprend que les
survivants continuent de lutter.
Certes, les broussailles en ont vu passer d'autres.
Mais combien d'obstinés encore pour rassurer le futur
?
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