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La rédaction

La collection Marginales

» contact :
Héléna et Samuel Autexier
Les Billardes - 04300 Forcalquier
Fax : 0492 730 028
 

» courrier de Jules Mougin

Catalogue des titres parus.

 » Censure et journal.
Comment ne devrais-je pas trancher
en faveur de la première ? La censure peut étouffer
la vérité à la longue, en lui enlevant la parole.
Le journal étouffe la vérité à la longue,
en lui enlevant les mots. La censure ne nuit
ni à la vérité ni au mot; le journal aux deux.

Karl Kraus

Où l'on découvre en marge des dépliants,
la Suède rurale d'
Ingela Strandberg dont
le portrait ne se limite pas au pittoresque,
à l'exploration myope d'écrivains régionalistes.
Où l'on plonge dans le Nigeria de
'Biyi Bandele-Thomas,
centre d'un continent à la dérive où cent millions d'habitants
sont en proie à la lutte incessante pour la vie
parmi les mouches et la corruption généralisée.
Où l'on apprend dans un drame de
Karl Kraus
comment la presse a soigneusement préparé
et orchestré la grande guerre. Où l'on entend
dans les nouvelles de
Andreas Latzko quelques
victimes de choix témoigner de la Passion
de l'Homme, en l'an de disgrâce 1914.

Où l'on se retrouve avec Jean Bernier dans la boue
et le silence où furent ensevelis une génération
de « héros » qui pensaient clore ici et à jamais
le registre meurtrier et infamant de la guerre.
Où l'on suit dans un roman total de
Eyvind Johnson
l'éblouissante fuite d'êtres emportés par l'avalanche de l'Histoire...
Où l'on se surprend de nouveau dans les nouvelles
de
Eyvind Johnson à regarder la nuit tomber sur l'Europe
et à murmurer avec
lui que les dieux n'existent pas.
Où l'on assiste dans le chef-d'oeuvre de
Stig Dagerman
à l'impossible solidarité d'une communauté humaine
qui s'abandonne à ses angoisses et à une mort certaine.
Thierry Maricourt nous parle d'elle, de cette fille qui boit
pour monter l'escalier et oublier un moment la peur qui la tue.

Où l'on entend dans les monologues de Franz Innerhoffer,
Helmut Qualtinger et Carl Merz l'Autriche de Thomas Bernhard
dans ses balbutiements homicides.
Où l'on voit dans les pièces de
Felix Mitterer
les victimes devenir des assassins sous l'oeil
malin et complice de l'omnipotence « totalcapitaliste ».
Où le serbe
Borislav Pekic nous dévoile, au cours
des pérégrinations des Siméon à travers les siècles,
les mirages de la société marchande.
Borislav Pekic continue à tenir les registres de la firme
Njegovan qui régit de façon tyranique la vie et la mort
des Siméon à travers les siècles et l'espace balkanique.
Où l'on assiste dans ce troisième volume de
La Toison d'or
au siège de Szeged et à la réalisation du chef-d'oeuvre inconnu
de Kyr Siméon sur la tête de Soliman le magnifique.

Où le romancier suédois Jan Guillou dénonce
la violence de l'école et l'hypocrisie de la société suédoise.
Où le poète
Harry Martinson nous conte les aventures
de Martin, enfant abandonné aux « bons soins » de la commune.
Où le suédois
Harry Martinson nous raconte la suite de son
autobiographie et comment il est parti vers la mer pour échapper
à son enfance. Où le trimardeur
Harry Martinson nous rappelle
que le vagabond est un dépossédé coupable d'avoir conservé
la mémoire de sa dignité dans les intempéries sociales.
Où le poète
Harry Martinson nous conte l'épopée du vaisseau
spatial Aniara condamné à errer dans l'espace vide et glacial
et à contempler grâce à la Mima la destruction nucléaire de Doris
et d'une humanité arrachée à sa communauté et à son jardin.

Où l'on assiste dans une pièce de Howard Zinn au retour de Marx,
Bakounine, Proudhon, Lafargue et autres critiques du capitalisme
dans le New York d'aujourd'hui...

Où l'on découvre que la littérature est un moyen de faire entendre
la voix des
derniers paysans d'Europe qui se sont soulevés avant de périr
sous les coups de la noblesse et de la bourgeoisie triomphante.
Où l'on assure que l'école bourgeoise et républicaine
est une triste boutique et que
« le refus de parvenir »
du prolétaire capable de parvenir n'a de sens que doublé
par la « volonté de parvenir » du prolétariat.
Où l'on reparle des
vagabonds et autres dépossédés coupables
de résister aux intempéries sociales et de refuser le service de travail
obligatoire que leur propose ceux qui les ont volés.
Où l'on prépare un numéro de la revue sur deux écrivains
du peuple qui ont marqué en France et en Suède la littérature
du xxe siècle :
Jean Giono & Harry Martinson et un autre
numéro sur l'écrivain et militant anarchiste
Stig Dagerman...

Où l'on comprend que les survivants continuent de lutter.
Certes, les broussailles en ont vu passer d'autres.
Mais combien d'obstinés encore pour rassurer le futur ?

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Les couvertures