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» courrier de
Jules Mougin
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Le
tract diffusé pendant ces journées
Petit bilan en
forme de réquisitoire
Quelques photos de la
librairie indépendante Champ libre (à
venir)
Le tract déposé lundi 22
septembre en deux endroits de Manosque (MJC et cinéma
Le Lido) avait rapidement aterri sur les bureaux de la
mairie et dans les mains des organisateurs.
Après une installation difficile le mercredi
après-midi (nous avons été
déplacés plusieurs fois pour des raisons de
sécurité par les responsables du
théâtre Jean le Bleu !) nous avons
réussi à trouver une place devant la MJC de
Manosque et à hisser la banderole "Champ libre" sur
le fronton du bâtiment. A l'occasion de cette
première journée et durant quatre jours (nous
avons décidé devant la faible
fréquentation de ne pas venir le dimanche) nous avons
abondamment discuté avec ceux qui sont venus sur
notre stand par curiosité, désoeuvrement ou
pour nous encourager. On nous a souvent demandé ce
que signifiait notre présence (aucune autorisation
n'ayant été demandé) et
interrogé au sujet du tract trouvé par
beaucoup sybillin (mais qui semblait faire rire ceux qui
connaissent la "situation" ce qui nous a semblé
être déjà bon signe).
L'explication donnée tient en
quatre points, elle dénonce :
1. L'attitude de soumission de
l'association les Correspondances.
Compte tenu des
éléments à ma disposition avant le
début de la manifestation, il m'a semblé
nécessaire de dénoncer les mensonges et autres
billevesées contenus dans le petit livret rose qui
faisait office de programme de ces rencontres (on peut noter
cependant qu'il pourra servir avantageusement d'allume-feux
ou de torche cul car il n'est pas sur papier glacé
!).
L'habitude prise par certaines associations (dont la votre)
de donner une tribune aux élus est déjà
révélatrice d'un état d'esprit de
soumission qui justifie qu'on s'y arrête. Il me
paraît parfaitement inutile (et nuisible) de laisser
une tribune à des élus sous prétexte
qu'ils donnent de l'argent. N'ont-ils pas déjà
assez de tribunes à leur service ? L'argent qu'ils
distribuent n'est-il pas l'argent du peuple ? Enfin,
monsieur Jean Digne, comment ferez-vous quand vous aurez en
face de vous des élus du Front national ? Vous irez
voir ailleurs ?
Comment ne pas voir dans votre soi-disant "ouverture sur le
monde" une formidable escroquerie intellectuelle qui signe
votre soumission à l'air du temps et aux annonceurs
qui vous publicise ? Faut-il rappeler ici le rôle des
médias dominants dans la fabrique du consentement
populaire et dans l'écrasement de toutes formes de
luttes sociales. Comment peut-on se déclarer
"soucieux des frilosités de l'époque et des
tentations de replis identitaires" et ne pas comprendre que
c'est précisement votre attitude de soumission
vis-à vis du politique qui en est à l'origine
?
Je vous plaindrai presque pour la bêtise qui s'affiche
ainsi dans ce petit livret rose si vos choix n'engageaient
pas tous ceux que vous invitez. Ainsi, il me semble que
c'est bien l'exercice de soumission exigée en retour
par les Correspondances de manière consciente,
maniaque et professionnelle de tous ses collaborateurs
(artistes, médias, etc.) qui donne à ce
rassemblement son parfum vulgaire de spectacle
dégradant de la promotion culturelle. Certains (cf la
lettre de Dominique Zamparini ou celle de Jacques Mougel) au
nom de la Culture dénoncent un parisianisme culturel,
ne nous y trompons pas ce qui sent mauvais dans les
Correspondances ce sont les mensonges,
l'inconséquence et la mise au pas orchestrés
par une association qui n'a pas besoin d'être
parisienne pour cela.
2. Les propos mensongers des
élus.
Tout le monde à Manosque
sait que le maire et son équipe n'ont rien à
foutre de la culture et du livre. Quant à la
volonté de l'équipe municipale de soumettre la
vie associative et culturelle (cf. l'éviction
demandée de la directrice de la MJC Chantal Maire
après 17 ans de service afin d'avoir "une MJC aux
ordres") elle me parait révélatrice de la
situation politique de ce pays. Il me semble que ceux qui ne
voient pas qu'en enlevant aux associations le droit de
bâtir en toute autonomie leurs actions, le politique
tente de baillonner toutes les formes de résistances
et d'organisations qui pourrait s'opposer au
totalcapitalisme et à la démocratie
représentative qui se trouve de fait en être le
meilleur allié. Tout cela explique pourquoi la
municipalité de Manosque trouve dans sa collaboration
avec l'association les Correspondances toutes les raisons de
se réjouir. Elle trouve avec cette manifestation un
terrain propice à la mise en place de la politique
d'ordre qu'elle promeut ici et là.
3. La nullité des
Correspondances
D'autre part, le festival en
lui-même, en dehors de la qualité des
prestations artistiques, souffre principalement de son
organisation et de ses objectifs commerciaux calqués
sur des pratiques mises en oeuvres dans les meilleurs
supermarchés. Contrairement aux articles mensongers
écrits par avance ou fabriqués sur place par
d'apprentis journalistes, il y a très peu de
fréquentation tout au plus 2500 à 3000
personnes pour les cinq jours (en comptant les badauds). Je
n'ai pas eu le courage de faire une revue de presse mais
j'ai lu les annonces publicitaires particulièrement
risibles du Monde, de Libération et de
l'Humanité - j'ai lu aussi l'article très
critique de Haute-Provence info (qui doit tirer lui à
2000 ex !). Les spectacles sont évidemment les
moments les plus fréquentés. On y vient et
repart comme on va faire ses courses au supermarché :
régler un besoin urgent de dépense dans des
couloirs et des horaires strictement établis. La
principale source de vie de cette magnifique machine
à fabriquer du vide étant justement le temps
qu'il fait, les rendez-vous manqués, les (rares)
dérapages et la frustration du public.
Ceci n'a pas échappé aux organisateurs qui ont
décidé de travailler le moins possible
à l'organisation pour se concentrer essentiellement
sur la billeterie, la rédaction de projet pour
l'avenir et sur l'accueil des nombreux artistes et
collaborateurs.
4. Conclusion en forme de
proposition.
Il faut lire ceci en
considérant que cela a été sciemment
écrit dans l'intention de nuire. Rien de ce qui est
dit est outrancier. On peut espérer tout de
même que l'envie de reconduire ce type de
manifestation aura passé aux organistaurs. Cependant,
je leur propose pour l'an prochain (au cas malheureux
où il n'aurait pas compris) la suggestion suivante :
nous donner l'occasion d'organiser avec un budget modeste de
10.000 euros (+ quelques aménagements pratiques) un
espace anti-capitaliste qui pourrait s'appeler
Champ libre et pour lequel nous aurions toute liberté
d'imaginer ce que nous souhaitons y faire. On pourrait y
développer une expérience de village
auto-gérée et se demander pas très
sérieusement mais avec détermination si 4
jours de fête peuvent changer une ville ?
Champ libre
retour
à l'index
Devant les propos mensongers et injurieux
des élus et les fadaises des organisateurs des
"Correspondances de Manosque" nous avons
décidé d'ouvrir une librairie qui prendra le
nom de Champ libre devant la MJC de Manosque pour présenter
nos ouvrages et dénoncer la nullité de cette
manifestation.
Nous avons proposé à
quelques éditeurs et un libraire itinérant,
qui ne se contentent pas d'arroser avec un arrosoir vide la
terre qu'ils ont rendue stérile, de nous rejoindre.
Seront présents : les ouvrages d'Agone/Marginales,
ceux d'Alpes de Lumière, de HB éditions, et
par l'intermédiaire de la librairie Au fil du temps les
éditions Allia, L'Encyclopédie des Nuisances,
L'Insomniaque, Sulliver...
Les bouffons du
spectacle
(extrait du petit livre
rose)
EDITO 2003
Pour leur cinquième édition, "Les Nuits de la
Correspondance" deviennent "Les Correspondances de Manosque"
pour confirmer leur originalité et leur rôle
d'agitateur littéraire.
Une invitation à la découverte plus que jamais
nécessaire à l'heure où la
littérature de création est menacée par
l'uniformisation marketing de l'économie du livre
mais aussi par les frilosités de l'époque et
les tentations de replis identitaires.
Jean Digne, Président,
Olivier Chaudenson, Délégué
Général.
LA LETTRE DE LA VILLE
Nous ne pouvons que nous réjouir de voir la
manifestation connaître une évolution qui entre
encore mieux en résonance avec notre politique
culturelle globale, centrée, je le rappelle, sur le
livre.
Celle-ci, en effet, n'a cessé de considérer
que la formation du public et son élargissement
lié à notre volonté de le rendre
toujours plus actif, ainsi que le développement de la
création locale étaient la condition sine qua
non d'un échange fructueux avec des propositions
artistiques venues de l'extérieur.
Nous attendons donc avec impatience tous nos invités,
écrivains, comédiens, plasticiens, certains
qu'ils viendront, ici à Manosque, irriguer, de
façon profitable, un champ que nous aurons pris grand
soin de bien préparer.
Bernard Jeanmet-Peralta, Maire de Manosque,
Pascal Antiq, Maire Adjoint, chargé des Affaires
Culturelles.
-- COMMENTAIRE (vous ne le trouverez pas
dans la brochure rose)
La discussion creuse sur le spectacle, c'est-à-dire
sur ce que font les propriétaires du monde, est ainsi
organisée par lui-même : on insiste sur les
grands moyens du spectacle, afin de ne rien dire de leur
grand emploi. On préfère souvent l'appeler,
plutôt que spectacle, le médiatique. Et par
là, on veut désigner un simple instrument, une
sorte de service public qui gérerait avec un
impartial "professionnalisme" la nouvelle richesse de la
communication de tous par mass media, communication enfin
parvenue à la pureté unilatérale,
où se fait paisiblement admirer la décision
déjà prise. Ce qui est communiqué, ce
sont des ordres ; et, fort harmonieusement, ceux qui les ont
donnés sont également ceux qui diront ce
qu'ils en pensent.
Guy Debord, Commentaires sur la
Société du spectacle, Gallimard, 1988.
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