Marginales

Revue de littérature et de critique sociale

© Samuel – juin 2021


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Abracadabra comme les autres !

mercredi 18 septembre 2013, par Samuel

Ce texte est une satire n’ayant aucune prétention à la vérité. Il n’a pas vocation à informer mais à porter sur le monde du livre un regard moins triste et convenu qu’à l’accoutumée.

C’est au retour d’une longue errance dans la nature que je me suis trouvé face à A. ce monument d’intégrité du monde éditorial français. Un petit village du Gers m’offrait une table, ses tartines de tapenade et une étagère de livres dédiées aux éditions A. [1] qui prétendaient « démoraliser le capitalisme ». Tout cela contre quelques euros sonnants et trébuchants (on n’est jamais sûr que le conseil régional continuera toujours à verser ses subsides, comme disent les belges !).

Où la parole consacrée rapporte plus qu’elle ne coûte

Baste ! Tout en feuilletant les dernières parutions des éditions A., je jette un oeil sur leur programme qui présente, à la page historique de leur site marchand, des livres qui, bien entendu, ne sont pas des marchandises comme (celles) des autres :

« Dès ses premiers titres, A. s’est démarqué de la logique du marketing, qui prétend financer la création sur la base des prétendues nécessités du compromis : notre pari fut de ne jamais publier un livre pour le seul motif de sa rentabilité, de ne pas choisir un auteur sur le seul critère de sa notoriété et de ne pas traiter un sujet en vertu de sa seule actualité. Cette production à fort rendement politique est aussi une production à faible rendement économique. Jusque dans la répartition des tâches, l’égalité des salaires au sein de l’équipe et le temps consacré à la réalisation des ouvrages, nous avons fait le pari de l’auto-gestion. »

Une présentation tonitruante, dans un milieu qui préfère masquer ses pertes et ses profits derrière un discours aromatisé à la praline et qui utilise plus volontiers la langue de bois de la générosité et du talent pour promouvoir ses productions. Un style martial qui donne aux éditions A. la singularité nécessaire pour avancer ses billes : ne pas cacher son jeu et surtout PARIER sur les bons chevaux ! On verra combien le terme de « pari » doublonné ici est juste quand on met son nez dans l’écurie mais aussi ce qu’il cache.

Un mensonge déconcertant aux yeux de tous ceux qui ont donné de leur temps et de leur intelligence pour que les livres soient choisis, maquettés, corrigés, imprimés, diffusés, lus... et qui ont été dupes pendant trop longtemps de tous ces mots ronflants qui masquaient (mal) les pratiques autoritaires et violentes de ceux (parfois eux-mêmes) qui se croyaient révolutionnaires en faisant le « pari de l’auto-gestion ». Un mensonge énoncé, répété, asséné jusqu’au dégoût pour arriver à quoi : faire luire son portail jusque sur la célèbre encyclopédie mondiale de la connaissance ? Meuhhh non, seulement vendre assez de livres pour payer les nouveaux appartements du patron [2].

De l’exploitation en milieu associatif... ou comment presser les concitrons !

Continuons le décodage du texte de présentation : « À faible rendement économique » justifient dans la réalité de « faibles salaires ». Les éditions de la rue des Héros [3] annonçaient en effet sur leur site 6 salariés au SMIC (et croyaient bon de préciser aux lecteurs ignares à quoi correspond cet acronyme !). Dans la préface d’un livre publié en 2003, le patron smicard (sic) des éditions A. nous parlait de l’organisation autogestionnaire de sa structure sans relever que ce livre avait été choisi précisément en contradiction avec les trois saints principes énoncés dans la présentation. L’ouvrage qui traitait d’un sujet d’actualité était écrit par un auteur ultra connu aux États-unis et était censé se vendre à des milliers d’exemplaires !

Divulgons ici le petit nom (de code) qui lui avait été attribué par les lecteurs et salariés qui tentaient vainement d’en améliorer le contenu : « la grosse bouse » ! C’est peut-être en ingérant les principes du « participalisme » que le petit patron a pu résoudre les épineux problèmes économiques d’une association à but non lucratif qui commençait à rouler sur l’or ? Tout en chiant sa préface, il trouvait dans cet exercice d’écriture la manière d’énoncer à « l’équipe » ce qu’il fallait comprendre par « répartition des tâches, égalité des salaires et temps consacré à la réalisation des ouvrages » qui justifiaient dans la réalité : « harcèlement, licenciement, inégalité des traitements et corvéabilité »...

Exercice qui permettait aussi de ne pas redistribuer la richesse qui commençait à s’accumuler et qui avait été investie, par exemple, dans l’achat et la rénovation de l’immeuble de la rue des Héros.

La période d’accumulation primitive du capital symbolique achevée, les éditions A. se transforme en papillon altercapitaliste...

La période était grandiose, la gloire se ramassait comme les champignons dans les feuilles, tellement méprisées par le Dice [4], de la presse-magazine de la capitale. Les cas sociaux de la première équipe (1998-2008) avaient été remplacés avantageusement par des ouvriers consciencieux qui continuaient à donner du crédit aux mensonges du « berger » à la faconde proverbiale. Celui-ci trop occupé à la construction de son plan de carrière personnel ne s’intéressait à la question de la gestion collective que comme cache sexe de l’accumulation primitive. Tout à son ascension sociale des marches d’une institution (de fRance !), il achevait dans la douleur son grand œuvre, le petit livre bleu. Une histoire de trahison qui fait référence à celle des intellectuels mais qui celle-là se lit avec un miroir-caisse [5].

On arrive enfin au bout de ce mauvais feuilleton, mais je m’en voudrais de ne pas évoquer l’irresistible humour de la rumeur lancée par le célèbre tueur de patron fraîchement (re)ssorti de zonzon et recueilli un temps sur cette galère. Rumeur remontée jusqu’aux grandes oreilles du petit patron d’A. : « des anarchistes étaient en train de lui piquer sa boîte ! ».

Des anarchistes à A., c’était une plaisanterie mais il n’en fallait pas plus pour que le Dice se décide à faire passer méticuleusement par-dessus bord, avec l’aide de ses sbires, la seconde équipe (2008-2013). Le Politburo associatif du vaisseau altercapitaliste A. pourrait toujours aller cueillir à Pôle emploi de nouvelles poupées qui disent non : non non non non !

Morale : Discepolo est un salaud, c’est un petit patron comme les autres !

En sortant de la petite tartinerie du Gers, toute cette histoire continuait à me démoraliser le capital... que le petit patron d’A. soit un salaud, soit ! mais aussi tous ceux qui « collaborent » avec lui. Cela fait une bien longue liste (plus longue encore que celles des victimes [6] ?) et puisque je ne suis pas certains de ne pas en oublier, je préfère ne citer que le plus visible ou risible [7] : Jacques Bouveresse... (sans oublier le Politburo des hommes de paille et amis de trente ans : Alain Guénoche, Jacques Vialle et Denis Becquet !).

Samuel, canal littéraire

Notes

[1] Le nom de la maison a été changé pour des raisons évidentes de ressemblance avec des faits réels

[2] Son appartement au Terras en cachait un autre, paraît-il ?

[3] Nom de la rue qui abrite les bureaux des éditions A. à Marseille.

[4] Surnom affectueux donné à Thierry Discepolo par ses camarades-employés-serviteurs.

[5] La trésorerie de l’association affichait début 2013, un solde confortable supérieur à 100 000 euros, quand à l’égo du maître la démesure était depuis longtemps son étalon.

[6] Par ordre de disparition : Jacques Luzi, Michel Barrillon, Cristel Portes, Béatrice Vincent, Sébastien Mengin, Marc Pantanella, Mickaël Lainé, Samuel Autexier, Héléna Autexier, Laure Coutens, Annabelle Millet, Isabelle Kalinowski, Frédéric Cotton, Michel Caïetti, Benoit Eugène, Gile le Beuze, Raphaël Monnard, Natacha Cauvin, Sandra Barthélémy, Anne-Lise Thomasson...

[7] Vous pouvez, par souci de lisibilité, rayer la mention inutile.

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1 Message

  • 7 mai 2023 16:21, par adrien

    Amusant d’avoir appelé cet article : Abracadabra. Je me suis amusé à écrire un texte sur cette "formule magique" Abracadabra est une incantation magique populaire qui est utilisée depuis des siècles pour conjurer des sorts, des charmes et des illusions. L’origine du mot n’est pas entièrement claire, mais on pense qu’il a ses racines dans les langues anciennes araméenne et hébraïque. Le terme a été enregistré pour la première fois au 3ème siècle après J.-C. dans un poème du poète romain Quintus Serenus Sammonicus, qui l’a utilisé comme remède contre le paludisme et d’autres maladies.

    Au fil des ans, le mot abracadabra est devenu un symbole largement reconnu de magie et d’illusion. Il est souvent utilisé par des magiciens, des illusionnistes et des artistes pour créer un sentiment d’émerveillement et de mystère parmi leur public. Le mot est également couramment utilisé dans la culture populaire, apparaissant dans des chansons, des films et des émissions de télévision.

    De nos jours, le mot abracadabra a pris une signification plus large, souvent utilisé pour décrire tout phénomène magique ou mystérieux. Il est également devenu un terme populaire pour les logiciels informatiques et autres innovations technologiques qui promettent d’accomplir des exploits apparemment miraculeux.

    Malgré sa longue histoire et son utilisation répandue, la véritable puissance d’abracadabra reste enveloppée de mystère. Certains croient que le mot possède des propriétés mystiques anciennes et peut être utilisé pour invoquer de puissants sorts et incantations, tandis que d’autres le considèrent comme rien de plus qu’une simple superstition. Quelle que soit sa véritable nature, abracadabra reste un mot fascinant et énigmatique qui continue de captiver l’imagination des gens du monde entier.


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