Philippe Godard
dimanche 16 novembre 2008
La criminalisation de ce qui relève de la politique émancipatrice - car c’est bien de cela dont il s’agit ici - est une stratégie générale du pouvoir, et cela depuis plusieurs décennies dans ce pays. Nous ne devrions « contester » que dans les cadres fixés par l’État lui-même, et donc sans jamais remettre en cause ce qui fonde le pouvoir des États, à commencer par le monopole de l’exercice de la violence.
Au-delà de cette criminalisation de quelques individus, comme Jann-Marc Rouillan, c’est bien plutôt l’ensemble de la société qui est sommée de choisir le seul camp qui vaille : celui de l’État. Sinon, la menace est claire : ce sera le chaos, la contestation enflera jusqu’à rendre ce monde ingouvernable, et nous prendrons alors le risque de perdre tout ce que l’État, l’économie capitaliste, etc., nous accorde.
C’est bien entendu à un renversement complet de cette politique esquissée ici à très grands traits qu’il faut œuvrer. Et lorsque cette politique que nous combattons frappe directement l’un d’entre nous, quels que soient nos points de désaccord avec lui, ce sont bien les politiques émancipatrices dans toute leur diversité que nous défendons en soutenant l’individu plus particulièrement frappé par le pouvoir.
Philippe Godard
Essayiste politique et directeur de collections documentaires pour la jeunesse.