Marginales

Revue de littérature et de critique sociale

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Tommaso Di Ciaula

Il n’y a plus de chansons

mercredi 19 novembre 2008

Le témoignage d’un poète italien qui aime tutoyer la vérité mais pas les patrons.

Voir en ligne : Le texte original

À Jean-Marc Rouillan

« La vérité engendre la haine » disent les latins, et un dicton populaire des Pouilles, très simple, dit : « Tutto devi fare all’infuori di togliere il cappello in testa al tignoso », (« Tu dois tout faire mais ne jamais ôter le chapeau de la tête du teigneux », c’est-à-dire : tu peux faire ce que tu veux, mais il est risqué de montrer les faiblesses du pouvoir.)

Cher Jean-Marc, nous sommes envoyés sur terre comme « des agneaux au milieu des loups », comme le dit le groupe de rap italien Mondo marcio (Monde pourri). Nous sommes seuls, très seuls ! On apprivoise les masses par la faim, abruties par un travail pénible (du moins pour ceux qui ne se sont pas encore fait dévorer ! Sûrement exploités !), pour enrichir les cochons.

Abrutis, étourdis par les politiciens, par les bankiers, par les prêtres...

Moi-même je ne suis pas en prison, mais presque, SEULEMENT pour avoir écrit un roman autobiographique : Tuta Blu (Feltrinelli editore, 1978. Il y a 30 ans !), publié chez Actes Sud (en 1982) et réédité à la demande du public en 2002.

Cher Jean-Marc, je le dis avec le cœur : je viens en prison, j’échange avec toi ! Je suis vieux, malade et fatigué, rongé par la solitude, par l’injustice… !

Sincères salutations.

Tommaso Di Ciaula


IL N’Y A PLUS DE CHANSONS

Mes camarades m’attendent

aux quatre coins du pays.

Les rêves prennent forme.

Je monte un cheval de carton.

Le rouge révèle la route,

où poindra le jour, un coq

terrible couronné d’épines

aux griffes de faucon.

La nuit m’étrangle !

**

Il n’y a plus de chansons à chanter

Camarades,

Plus de disques à écouter

Sur le phonographe de la nuit.

— 

Extrait de L’odore della Pioggia (L’odeur de la pluie), Laterza editore, 1980.

Traduit de l’italien par Louise Ottini.

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